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18 juin 2014 3 18 /06 /juin /2014 14:36

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Soutien de Bernard Lavilliers

« Pour une fois, le gouvernement devrait reculer »

Le chanteur (qui sera sur la grande scène de la Fête de l’Humanité en septembre), a créé l’événement en interprétant "Les Mains d’or" aux côtés des intermittents qu’il a fait monter sur scène au festival des Nuits de Fourvière.

 

Voir la vidéo ci-dessous qui relate cet évènement, clic ici  : link

 

 interview de Bernard Lavilliers dans l'Humanité du 18/06 :

Au festival des Nuits de Fourvière, vous avez fait monter les intermittents du spectacle sur scène pour marquer votre solidarité avec leur lutte. En quoi est-ce important pour vous que leur parole soit entendue ? 

Bernard Lavilliers : Je les ai fait monter sur scène pour qu’ils s’expliquent. Il y a eu la première partie d’une chanteuse réunionnaise qui était magnifique. Ensuite, j’ai donné mon concert et au moment de la chanson les Mains d’or, ils sont montés. J’ai dit que je chantais aussi pour eux ce soir. Il y avait cinq mille personnes. Pour l’instant, les gens ne comprennent rien aux points qu’ils soulèvent dans leur lutte. Je viens de voir Jack Lang à la télé, qui expliquait le pourquoi des 507 heures. Le problème est que la plupart des gens travaillent 1 300 heures par an et que dans leur tête, les mecs qui travaillent 507 heures, ce sont des rigolos. J’ai été voir sur le Net, il y a des réflexions vraiment désagréables sur les intermittents. Je voudrais signifier qu’intermittent, ce n’est pas un métier. C’est comme chômeur, et chômeur n’est pas un métier. À l’intérieur de ces intermittents, il y a effectivement des abus de la part de sociétés de production comme la télévision, comme les maisons de disques parfois qui ont détourné la loi pour ne pas avoir des CDI, en disant au salarié : « Tu te débrouilleras avec les Assedic. » Ce sont par définition des métiers à risques et très fragiles. Les acteurs, les metteurs en scène, les techniciens, y compris même ceux qui s’occupent de la sécurité des concerts, il n’y a pas de raison pour qu’ils ne touchent pas le chômage durant les périodes où ils ne travaillent pas. Ils veulent travailler et ce n’est pas leur faute s’ils ne bossent pas en attendant de retrouver une tournée.

Vous avez interprété «Les mains d’or» aux côtés des intermittents, où vous chantez J’veux travailler encore. Une chanson que vous avez écrite en pensant aux sidérurgistes et qui pourrait refléter aussi la situation des intermittents aujourd’hui ?

Bernard Lavilliers : Elle décrit les intermittents, et le refrain Travailler encore pourrait très bien être leur slogan. Quand je vois les grands patrons embaucher les gens en CDD, au fond c’est exactement pareil. Tout le monde pourrait devenir intermittent un jour. La société a tellement évolué et la technologie également que, quand les robots vont remplacer l’homme, à un moment, les gens auront des contrats de trois mois et connaîtront des périodes de chômage. Je suis complètement d’accord avec les intermittents. Je ne me suis pas déplacé en Lorraine pour soutenir les sidérurgistes pour faire aujourd’hui la gueule aux intermittents du spectacle. Je trouverais ça incohérent. Politiquement déjà et en tant qu’être humain, c’est dégueulasse de s’attaquer à leur régime parce que je sais combien ils touchent quand ils rament. Ce n’est pas grand-chose.

Que vous inspire le fait que le gouvernement persiste à vouloir agréer l’accord Unedic de l’assurance chômage ?

Bernard Lavilliers : Dans le gouvernement précédent, avec Jean-Marc Ayrault, à chaque fois qu’ils avançaient une réforme, ils reculaient de trois pas. Là, ils ont décidé de ne pas reculer, mais pour une fois, ils devraient reculer ! Parce que là, ça ne va pas s’arranger. Si le Festival d’Avignon, ceux des Francofolies de La Rochelle, de la musique classique à Aix-en-Provence, etc., sont annulés, cela va faire un trou monumental dans la caisse ! De plus, il y aura beaucoup moins de touristes. Je me souviens en 2003, quand les Francofolies avaient été annulées, j’avais été voir Jean-Louis Foulquier pour le consoler parce qu’il n’y avait rien à faire, eh bien la ville de La Rochelle était vide. C’est dire l’impact culturel des festivals ! Ne disons pas que la culture perd de l’argent en France, elle en fait gagner à tout le reste. Si le gouvernement signe le texte, les gars vont continuer leur lutte. À mon avis, la meilleure solution serait de reporter et de réfléchir. L’accord est signé par des syndicats minoritaires, en tout cas pas par la CGT qui dit : « Nous, on n’a pas signé ce compromis. » Ils auraient dû être tous d’accord, au lieu de ça, on essaie de passer en force. 

 

A voir également, une vidéo avec des explications concrètes sur la situation et les revendications des intermittents du spectacle par Denis Gravouille,  secrétaire général CGT spectacle, clic ici : link

 

 

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