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25 février 2015 3 25 /02 /février /2015 06:28

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4 février 2015 3 04 /02 /février /2015 23:53

tzipras

 

  

Quelles ont été les premières mesures annoncées par e gouvernement de Syriza et comment il envisage la renégociation de la dette ?

 Ce gouvernement de salut national conduit par Syriza a pris dés les premiers jours des mesures attendues depuis des mois par le peuple grec. Il n’a pas fait comme d’autres, en 2012 en France, qui ont abandonné toute renégociation du traité « Merkozy » quelques jours après nous avoir dit qu’il allait montrer les muscles. La première grande différence entre François Hollande et Alexis Tsipras est qu’il dit ce qu’il fait et qu’il fait ce qu’il dit. Augmenter le smic à 750 € par mois, aider les plus démunis à accéder à l’électricité et aux soins médicaux, réembaucher des salariés injustement licenciés comme les femmes de ménage du ministère des Finances, arrêter la privatisation du Port du Pirée et de la compagnie nationale d’électricité, voilà des mesures de gauche et surtout des mesures qui vont à l’encontre des plans austéritaires menés par les gouvernements précédents. Elles sont la garantie que la Grèce décide elle-même de ses orientations et qu’elle n’admet plus la « coupe » de la troïka qualifiée l’illégitime et d’antidémocratique par le ministre des Finances grec lui-même. Sa tournée des capitales européennes a pour but de faire connaître les propositions du nouveau pouvoir en Grèce et de négocier un effacement ou un allongement du remboursement de la dette grecque. Comme dans toute négociation, les points de vue sont éloignés, mais le fait qu’Alexis Tsipras ait mis sa victoire sous les auspices d’une autre Grèce mais aussi d’une autre Europe lui donne une surface bien plus dérangeante que s’il s’était mis hors jeu, c’est-à-dire hors euro, voire hors UE dés le départ. La balle est maintenant dans le camp de l’Union européenne et des gouvernements qui la composent. L’arrivée d’un pouvoir anti-austéritaire légitime dans un pays de l’Union et de la zone euro peut-il  changer la donne pour toute l’Europe ? Le PCF et le Parti de la Gauche Européenne (PGE) croient à cette orientation.

 

Pourquoi Zyriza a passé un accord de gouvernement avec « les Grecs indépendants » ?

 Il est clair que ce parti souverainiste de droite n’est pas l’allié naturel de Syriza et nos camarades grecs auraient préféré rassembler l’ensemble de la gauche grecque et obtenir le soutien du KKE  (le Parti communiste de Grèce) avec ses 15 députés, parti qui augmente en pourcentage et en sièges par rapport à 2012. Mais c’est une fin de non recevoir qui est parvenue du KKE. Pas de participation ni même de soutien au gouvernement, seule l’annonce d’un soutien au cas par cas selon les projets de lois proposés. Il y a donc fort à parier que sur les mesures détaillées plus haut, le KKE apportera son soutien au gouvernement. Mais Syriza ne pouvait se permettre de recycler des forces politiques comme le PASOK (socialiste) qui ont soutenu toutes les orientations portées par la troïka depuis 2008. Aube Dorée ne pouvait à l’évidence être sollicité, et le parti centriste To Potami était déjà prêt à des concessions avec Bruxelles et le FMI. Les Grecs indépendants n’ont qu’un mérite, ils se sont exprimés contre les différents plans de restructuration demandés par la troïka. Ils soutiennent donc sur le plan économique et social les mesures préconisées par Alexis Tsipras. Sur les questions sociétales et en particulier sur l’immigration, on voit que leur place n’est pas déterminante puisque l’annonce du remplacement du droit du sang par le droit du sol en matière de naturalisation a été annoncée malgré leur présence au gouvernement. Comparaison n’est pas raison mais dans un pays qui vit une guerre économique où l’Union européenne, la BCE et le FMI ne sont pas des alliés, il convenait que la Grèce puisse avoir un gouvernement avec une assise parlementaire solide. Un gouvernement minoritaire était possible, mais il fragilisait le Premier ministre dans ses négociations nationales et européennes, voir mondiales.  Le fait de confier le ministère de la Défense au responsable des « Grecs indépendants » montre la connaissance du comportement de l’armée et de la police grecque dont on sait qu’elles ont eu par le passé des comportements bien peu démocratiques.

 

Quel mouvement de solidarité impulser en France ?

 Syriza appartient au Parti de la gauche européenne et ce sont d’abord les amis allemands de Die Linke, du PCF et du Front de gauche en France et de la gauche espagnole que doivent venir les signes. Le groupe de la GUE au Parlement européen doit aussi être le fer de lance de l’aide à la renégociation avec l‘UE des prêts à a Grèce. Cette victoire remet à l’agenda les propositions que nous avons faites avec Syriza de modification des statuts de la BCE et de la nécessité d’un fond de développement à l’investissement pour l’emploi et les services publics en Europe. Cette victoire en Grèce nous oblige. Mais parallèlement, il convient aussi que les parlementaires communistes et du Front de gauche demandent au gouvernement Français quelle sera son attitude par rapport aux demandes grecques d’effacement ou de renégociation de sa dette à l’égard des banques. La France, par le passé, a déjà annulé des dettes nationales de pays touchés par des demandes de restructuration du FMI, en particulier en Afrique. Il nous parait légitime d’appuyer ces demandes. Mais il convient aussi de ne pas abandonner le processus de solidarité des collectivités locales à l’égard de la Grèce, amorcées avant même la victoire de Syriza. Il convient que les autorités grecques nous fassent part de leurs besoins, mais nous pouvons là aussi relayer ou initier des actions concrètes de solidarité dans le secteur de la santé ou de l’éducation qui, il faut bien le dire, sont des secteurs en ruine depuis les huit ans de pouvoir de a Nouvelle Démocratie et du PASOK. Nous le ferons après avoir rencontré les autorités nouvellement élues, qu’elles soient nationales ou locales.

 

L’Humanité du 4février 2015

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21 février 2014 5 21 /02 /février /2014 13:50

l-affiche-rouge.jpg

 

Il y a 70  ans, le 21 février 1944,  les 23 membres du groupe Francs-Tireurs et Partisans de la Main-d’Oeuvre Immigrée (FTP-MOI), dirigés par Missak Manouchian étaient exécutés au Mont-Valérien pour cause de résistance après des mois d’insoutenables tortures  puis un jugement expéditif par un tribunal militaire allemand.

Les nazis en firent une affiche qui par la suite devint célèbre par l’inversement de son idéologie. L’Affiche Rouge, instrument de propagande utilisée pour contrer la Résistance, désignant les 23 membres de groupe Manouchian d’armée criminelle,  stigmatisera l’origine étrangère de ces derniers faisant preuve d’un racisme et d’une hostilité incomparable.

« Il est très utile de se remémorer l’Affiche rouge, alors que sévit une sorte de chasse à l’étranger, avec son cortège d’antisémitisme, de racisme et de haine de l’autre » souligne Patrick Le Hyaric, le directeur de l’Humanité, dans son éditorial.

L’Humanité publie un hors-série hommage au groupe Manouchian, pour les 70 ans de l’Affiche Rouge. Un CD inédit de HK et les Saltimbanks chantant l’Affiche Rouge est inclus, avec également un poster reproduisant l’Affiche Rouge et aussi le poème saisissant de Louis Aragon. Vous pouvez vous le procurer chez votre marchand de journaux (10 €).

 

 

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13 décembre 2013 5 13 /12 /décembre /2013 12:17

mandela-le-bon-copie-3.jpg

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7 mars 2013 4 07 /03 /mars /2013 08:51

chavez

 

 Hugo Chavez est mort ce mardi à l'âge de 58 ans des suites de complications respiratoires. Chroniqueur de l'actualité vénézuélienne pour l'Humanité.fr, l'universitaire Jean Ortiz revient sur la vie du président de la république bolivarienne du Venezuela.

Un phare s'est éteint. Comme Bolivar lors de son serment de Rome, à 20 ans, dès le départ, Chavez s'est engagé à consacrer sa vie à améliorer le sort de ses concitoyens. Il se réclamait de lui, et était l'une des consciences de l'Amérique des peuples. Je me souviens que, lors de sa première visite à Cuba, en décembre 1994, il avait déclaré à l'université : "Un jour, nous espérons venir à Cuba les bras ouverts, et pour construire ensemble un projet révolutionnaire latino-américain". Il annonçait une "ère d'éveils". Soldat rebelle, il avait créé le Mouvement bolivarien avec une vision à long terme pour rompre avec le bipartisme répressif et corrompu, inféodé aux Etats-Unis, de la IV République. Chavez avait une obsession : que le Venezuela soit désormais une vraie patrie, une nation souveraine, indépendante.

Socialisme endogène

Depuis sa première élection en 1998, il s'est "radicalisé", et a, par contrecoup, contribué à politiser profondément un peuple combattif, avançant un projet anticapitaliste, sans doute le plus radical au monde depuis la chute du Mur de Berlin. Le chavisme ne relève pas du culte de la personnalité, mais bien d'une création collective permanente, pour sortir du néolibéralisme par la voie électorale, démocratique, pacifique, et aller vers un socialisme endogène, participatif, un pouvoir populaire: des "communes socialistes", des Conseils communaux...

Chavez était le fédérateur, le moteur, le centre de gravité d'un mouvement populaire pluriel, traversé de différents courants progressistes. Le peuple l'aimait parce qu'il avait changé la vie de millions de parias, parce qu'il avait du panache et du courage. Lors de la rébellion militaire de 1992, dont il fut l'instigateur, il alla au bout de la démarche. Emprisonné, il mit au point une stratégie de rassemblement qui cette fois-ci réussirait. C'est le peuple des "ranchitos" (bidonvilles) qui descendit sur Caracas pour faire échec au coup d'Etat de 2002, et sauver son président.

Exemple possible

Chavez a fait du Venezuela un pays central pour toutes les gauches latino-américaines, et un exemple d'alternatives possibles pour les gauches du monde entier. Il eut l'audace de réhabiliter dès 2004-2005 le mot et le concept de "socialisme". Un lien émotionnel, affectif, très fort, unissait Hugo Chavez et les Vénézuéliens "d'en bas". Il était comme eux. Le petit vendeur des rues, devenu président, tenait ses promesses, lui, le "zambo" de Sabaneta, le métis de Noir et d'Indien, qui aimait chanter des chansons de son "llano" (plaine). J'ai pu mesurer dans les beaux quartiers, la haine de classe et de race que lui vouait la bourgeoisie. S'il se réclamait de Bolivar, ce n'était pas par opportunisme; il donnait un sens nouveau au message bolivarien, à la doctrine politique du Libertador.

Populisme

On l'accusait intentionnellement de "populisme", ce concept crapuleux et attrape-tout destiné à discréditer la révolution bolivarienne. Une analyse sérieuse du bilan de Chavez, des rapports sociaux, de sa pratique, des changements concrets, contredit cette allégation malveillante. Chavez était l'homme de l'intégration continentale, son fer de lance. Pour la première fois depuis les Indépendances, l'Amérique du Sud vit une véritable communauté de valeurs, dans un monde à présent multipolaire. Chavez en a été le principal artisan. De 1999 à 2008, il multiplia par 3 les dépenses publiques par habitants, fit reculer de 50% la pauvreté, instaura la santé et l'éducation gratuites, créa l'ALBA contre les accords de libre-échange, contribua à la naissance de la CELAC, sans les Etats-Unis, isolés désormais à l'échelle continentale. Voilà pourquoi cet homme d'une grande stature, d'une profonde humanité, fut l'un des plus haïs, diabolisés par l'ensemble des médias internationaux, par toutes les bourgeoisies, et les fausses gauches.

Marx et Jésus

Chavez croyait en Marx et en Jésus, authentiquement. Grâce à lui, les Vénézuéliens ont bénéficié de nombreuses "missions sociales". L'une d'elles consiste à opérer gratuitement de la cataracte, elle s'appelle "Mission Miracle". Le miracle de Chavez, c'est d'être devenu un Chavez collectif, un "Chavez-peuple". Il y a des morts qui ne meurent jamais.

 

Jean Ortiz

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14 janvier 2013 1 14 /01 /janvier /2013 16:10

Communiqué du PCF :

Mali : « L’intervention militaire française comporte de grands risques de guerre »

 

Le PCF partage l'inquiétude des maliens devant l'offensive armée des groupes djihadistes vers le sud de leur pays. Ces groupes islamistes radicaux, avec leurs pratiques violentes, ont montré le danger qu'ils représentent pour la dignité humaine, pour les libertés, la justice et la stabilité du Mali et de toute la région.

Le PCF exprime une nouvelle fois son inquiétude devant la nouvelle et grave situation créée par la reprise de la confrontation armée au Mali. L' intervention militaire française comporte de grands risques de guerre et d'enlisement sans véritable solution durable pour le peuple malien et pour la reconstruction du pays. Cette intervention,  suscite l'angoisse légitime des familles des otages car la vie de ceux-ci est sérieusement mise en danger. On sait d’ailleurs que Denis Allex, retenu en otage en Somalie, a été assassiné par ses "geôliers" suite à une opération de la DGSE dans la nuit de vendredi à samedi. Cela montre quels sont  les périls dramatiques et les limites de ces opérations militaires.

Le PCF rappelle que la réponse à la demande d'aide du Président du Mali aurait du s'inscrire dans le cadre d'une mission de l'ONU et de l'Union africaine, réalisée sous drapeau de l'ONU, par des forces maliennes et africaines, dans le strict respect de la Charte des Nations-Unies, dans les limites imposées par l'exigence de la souveraineté malienne. La France, ancienne puissance coloniale, ne peut apparaître comme voulant poursuivre les pratiques dominatrices de la "françafrique". Cette intervention militaire n'efface pas la nécessité de la recherche d'une solution politique et d'un dialogue avec les groupes de la rébellion non liés au terrorisme et respectueux de l'intégrité territoriale du Mali. C'est ce que demandent les résolutions de l'ONU.

Le PCF demande que les autorités françaises répondent aux lourdes questions posées par une intervention militaire déclenchée sur décision du Président de la République et engagée sans débat préalable au Parlement.

Le Parti communiste français

 

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8 janvier 2013 2 08 /01 /janvier /2013 14:01

 

 

Le FMI le confirme : l’austérité était une erreur de calcul

C’est un rapport étonnant, un mea culpa chiffré et analysé, que deux éminents économistes du FMI ont publié. Il dit clairement que l’austérité est une erreur. La faute à la mauvaise conception d’un modèle informatique de prédiction économique. 

Ils justifient globalement d'avoir plongé 26 pays dans une mortelle crise austéritaire par une erreur de modèle mathématique. Ces économistes sont restés persuadés que leur domaine est une science dure, donc qu’on peut prédire et démontrer avec des équations. Et ils se sont éminemment trompés. Ils reconnaissent ainsi dès l’introduction que leur modèle n’a pas pu prévoir ni le niveau des taux d’intérêts ni l’effet de l’austérité sur la consommation intérieure. Confrontés à la réalité, ils reconnaissent également que leur modèle a grandement sous-estimé la hausse du chômage. Et donc toute la prédiction est biaisée, des investissements privés aux recettes fiscales des états.

Pardon pour les morts, c’était une erreur de calcul 

“Forecast Error of ΔYi,t:t+1 = α + β Forecast of ΔFi,t:t+1|t + ε i,t:t+1” Voilà à quoi ressemble l’équation qui a été incapable de faire le lien entre coupe budgétaire des Etats - les fameuses "économies" exigées sous la menace - et baisse de rentrée fiscale. C’est le « multiplicateur fiscal », outil économique qui a plus ou moins montré qu’il fonctionnait entre la seconde guerre mondiale et 2008, mais qui est incapable de prévoir l’ampleur des effets d’une panique généralisée ou d’une franche baisse de moral des populations.
Le FMI avait déjà constaté une faute dans les modèles appliqués à la Grèce. Il remet en cause désormais tous les modèles appliqués à 26 pays européens.

Une erreur qui ne sert pas de leçon

Si reconnaître l’erreur, ou plutôt ouvrir les yeux et se confronter à la réalité, reste une avancée pour le FMI, l’institution ne tire pas les leçons de son erreur. Les économistes ne remettent pas fondamentalement en cause l'austérité, juste son intensité, ils restent convaincus qu’il suffit d’adapter leur modèle de calcul, finalement en accroissant la variable « facteur humain ». Ils ne voient pas l’absurdité que c’est d’imposer par la menace des politiques globales à des pays sur simple résultat d’un algorithme.

"Ce que nous voulons simplement rappeler, c’est que les décisions humaines engageant l’avenir sur le plan personnel, politique ou économique ne peuvent être inspirées par une stricte prévision mathématique, puisque la base d’une telle prévision n’existe pas" disait un certain Keynes en 1936.

 

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12 février 2009 4 12 /02 /février /2009 23:29

Jeudi dernier, à l'appel des sections PS et PCF de Boulogne-Billancourt, nous étions nombreux à écouter les deux interventions de Nicolas Jounin et Maryse Tripier (voir "invitation au débat sur l'immigration") et ensuite à débattre sur le sujet. En ressortent une grande inquiétude pour les conditions de vie des sans-papiers, qui se dégradent de jour en jour, ainsi que sur la liberté même de déplacement de l'être humain. Voici l'intervention de Maryse Tripier :

(ce texte n’est pas un article de revue, il ne peut être cité, en tant que tel , et il a été écrit pour une intervention orale courte, d’où son style lapidaire, il  ne traite pas de tout le sujet évidemment)

 

"Le but de mon intervention sera d’essayer de comprendre les continuités et les ruptures en matière d’immigration, et de discrimination en France.

 

D’abord un constat chiffré en 2006 par la politologue Catherine de Wenden

 Ces dernières décennies, les migrations ont pris une nouvelle ampleur. Entre 175 et 200 millions de personnes dans le monde vivent en situation de «déplacés » (migration familiale, migration du travail et asile). C’est certes peu par rapport à la population mondiale (moins de 3% d’après la Division de la population des Nations unies), mais c’est un chiffre croissant et suffisant pour donner aux flux migratoires une ampleur globale puisque quasiment toutes les régions du monde sont touchées par ce phénomène, qu’elles soient des zones d’accueil, de départ ou de transit.

Dans ce contexte général, l’Europe est particulièrement concernée : sur environ 400 millions d’habitants, près de 15 millions de ressortissants d’Etats tiers résident dans l’Union, avec une croissance sensible de leur nombre au cours des années 1990. En 2000, l’Europe a ainsi accueilli légalement 1,4 millions d’immigrants.

 En terme de flux on a affaire  à une migration de plus en plus diversifiée. Les nouveaux pays d’immigration, notamment dans le Sud et l’Est de l’Europe, reçoivent aussi bien des migrants de pays voisins que de territoires avec lesquels ils n’entretenaient aucun lien privilégié, dans le cadre d’une mondialisation des flux de population, comme c’est le cas de l’Italie avec les Philippins ou les Ukrainiens.

Au total, les migrations se construisent désormais essentiellement sur une dynamique de réseaux (parents installés à l’étranger, filières de transit et d’entrée, etc.) et dans une logique à la fois économique, culturelle et familiale. Ce qui se traduit par exemple par l’apparition d’une «installation dans la mobilité » pour certains migrants qui multiplient les points d’ancrage entre pays d’accueil et pays d’origine, malgré la fermeture des frontières. »[1]

1/L’autre, l’étranger, les frontières

 

Dans tous les pays du monde, à l’intérieur des nations se répète un phénomène social, la construction d’une frontière entre ce que l’on considère comme soi, et ceux que l’on considère comme autres et pouvant subir un traitement différent et inégalitaire.

-Aux USA, pays qui s’est constitué à partir d’immigrants européens, ce ne sont pas ces populations qui ont été considérées comme autres et inférieures, ce sont les indiens « natifs » et les populations noires issues de l’esclavage. E.Todd écrit ainsi « c’est la présence de deux groupes parias les indiens et les noirs qui a permis de fixer hors du peuple blanc l’idée d’inégalité et de définir une égalité interne au groupe »[2] et a ainsi permis d’oublier les vives tensions qu’il a connu.

 

-En Europe, selon la politologue Catherine de Wenden

« La mobilité, qui concerne à la fois les élites mondialisées et les minorités de la diaspora ou de l’immigration clandestine, est chargée de façon négative ».

En France, l’idée de nation et les principes républicains « universels » ont, a priori, défendu l’égalité des citoyens, quelle que soit leur race ou leur religion. Et alors que la France est un grand pays d’immigration depuis au moins deux siècles, elle refuse de se voir comme telle.

Derrière un discours  abstrait, des frontières internes et externes se sont bâties.

Frontière externe d’abord. En France, la plupart des droits sociaux, civiques, politiques(ce qui constitue la citoyenneté) sont liées à la nationalité française. Contrairement à d’autres pays, les droits des étrangers sont très faibles. L’entrée sur le territoire, l’installation, l’accès à la nationalité française ne relèvent d’aucun droit reconnu et varient selon les politiques gouvernementales.  

Il existe donc de fait une préférence nationale ou pour le national et cette idée s’est inscrite dans les mentalités. Pour Etienne Balibar, la contre partie de la protection sociale obtenue par les citoyens a été l’exclusion de l’étranger de ces droits.[3] A contrario en Argentine et en Uruguay, par exemple, en raison de traditions historiques différentes, pays d’immigration eux aussi, les étrangers ont le droit de vote à presque toutes les élections.  

Une frontière interne s’est rajoutée à celle qui sépare le national et l’étranger juridiquement, c’est celle qui consiste à refuser de plus en plus, à l’enfant d’étranger sa pleine place dans la société française. On voit bien ici que la période coloniale a laissé des traces, en considérant les ressortissants des anciennes colonies et leurs enfants comme des populations que l’on peut légitimement, sinon légalement, discriminer dans l’emploi, le logement, etc.

 S’agissant des flux migratoires, les Etats européens cherchent aujourd’hui à externaliser leurs frontières et à faire jouer un rôle de contrôle de l’émigration à des pays limitrophes ou à d’autres comme le Maroc.  Ils voudraient  aussi que les pays d’origine contrôlent eux même leurs sorties  et veulent monnayer l’aide au développement à la possibilité d’expulser et à un auto-contrôle des sorties et du transit ?

 

Les Etats européens  renforcent également leurs frontières internes  en précarisant la situation des étrangers installés, qui sont le plus souvent situés dans les couches populaires et en freinant la mobilité et l’intégration de leurs enfants. (Cf plus bas)

 

Utilitarisme et rapports de force

 

C’est d’abord le mouvement ouvrier et en particulier les syndicats, qui ont refusé l’amalgame entre citoyenneté (accès aux droits) et nationalité. Pour eux, c’est le travail effectué sur le territoire et non les papiers français ou réguliers qui fondent les droits sociaux, syndicaux civiques (allocations familiales, sécu, retraites, élections diverses..) d’où la bataille constante pour l’égalité de droits et de traitement (il en fut de même pour les femmes)  qui a eu des acquits dans les années 70. Cette position a été affirmée historiquement, et jusque dans la

dernière grève des sans –papiers. Cette affirmation, que c’est le travail qui fonde les droits, est générale pour tous les salariés, elle fonde le syndicalisme.

 

L’idée de la prééminence du national sur l’étranger se manifeste encore d’une autre façon. L’étranger ne serait accepté que selon son utilité (économique, démographique) qu’il perdrait s’il devenait inutile (chômage,  bon état des retraites..). Cette vision utilitariste domine chez de nombreux politiques, y compris de gauche. La France (parce qu’elle est riche et offre des emplois) aurait le droit de dire, seule,  combien et quels étrangers et dans quelles conditions elle veut les « accueillir », mais aussi les renvoyer. Le gouvernement actuel a  ainsi unilatéralement assujetti le regroupement familial à une intégration préalable (connaissance de la langue et des valeurs de la République), avec une mise en oeuvre ubuesque  et qui s’ingère dans les rapports familiaux (oublions l’épisode révélateur de l’ADN).

 

 Ce n’est d’ailleurs pas propre à la France. Sont en jeu des rapports de force, en particulier dans les rapports Nord-Sud. Car dans le même temps, les ressortissants de l’UE ex étrangers peuvent circuler et travailler librement. L’idée d’une nation européenne « blanche »  et plutôt chrétienne vient assigner le non-européen du Sud à un statut subalterne  Dans le même temps  les ex coloniaux, si proches du point de vue linguistique notamment,  sont devenus les plus étrangers des étrangers, ce qui pose aussi la question de la dette du colonialisme.

Certains migrants ont-ils tort de rappeler que l’apport de leurs parents et grands parents à la France (guerres, reconstruction)  ne peut se traduire par une fermeture des portes à leurs descendants et l’assignation à résidence pour favoriser les délocalisations ? Ils dénoncent là une forme de néo colonialisme.

Dans cette perspective, les étrangers sont des objets, une force de travail, et non des personnes et encore moins des acteurs de leur propre destin. Ils sont traités ainsi à titre individuel, mais aussi à titre collectif, comme on le voit à propos des accords dits de co-développement.

 L’émergence d’une population structurelle de sans-papiers (je préfère ce terme à clandestins ou illégaux) est une réponse féroce  aux progrès acquis dans les luttes pour l’égalité des droits,  (bourses, droit de vote aux élections professionnelles..) car elle prive ces hommes, femmes et enfants de toute existence sociale et de tout droit, sauf la scolarisation des enfants. La philosophe Hannah Arendt,  a utilisé le terme d’humanité superflue pour désigner ceux qui n’ayant aucun lieu où avoir des droits n’existent pas comme humains.  Comme le montre Nicolas Jounin, il s’agit d’une aggravation sans précédent de la concurrence entre travailleurs et d’une des formes de la casse  générale du droit du travail.

 

A côté de  la bataille pour l’égalité des droits sociaux menés par les syndicats, d’autres forces progressistes se sont engagés dans des mouvements au nom de principes complémentaires.

Les partis de gauche, dans le principe, sinon dans les faits, en se prononçant pour le droit de vote des étrangers aux élections municipales appuient un élargissement de la citoyenneté. [4] (C’était une des 101 propositions de F. Mitterand) Mais tiennent-ils vraiment ce terrain ?

Le courant le plus large prône  la prééminence des Droits de l’Homme sur les politiques mises en œuvre par les Etats.  Les droits de l’homme sont de plus en plus  invoqués face aux dérives d’une gestion policière et sécuritaire inhumaine en augmentation certaine depuis quelques années. Droit à vivre en famille par exemple. (action de RESF) Droit d’asile qui est aujourd’hui perverti par la politique du chiffre, droit à ne pas être discriminé et criminalisé. (situation des centres de rétention, par exemple, multiplication des contrôles au faciès). Refus de l’arbitraire.

 

Nous sommes aujourd’hui face à des conflits de droit. L’ONU a imposé le droit de sortir de son pays (à l’époque face au bloc soviétique), elle reconnaît les droits de l’Homme, mais il n’y aucun devoir d’accueil (sauf l’asile réduit au minimum).Les Etats restent souverains dans la maîtrise de leurs frontières et de leur accès à la citoyenneté et à  la nationalité. La mise en cause des abus au nom des droits de l’homme est donc utile, mais peut-être pas suffisante. Peut-on aller vers un droit international des migrants?  Une charte ?

 

Ce qu’ont montré les travaux de sciences sociales, c’est que les politiques basées sur la conception de l’immigration comme nuisance et la conception unilatérale de la maîtrise des flux, ne sont pas efficaces de leur propre point de vue : l’immigration  zéro et même « choisie » ne résiste pas à la volonté de mobilité des hommes et des femmes et ne fait que nourrir le populisme et le racisme. La fermeture des frontières et l’excès de contrôle sécuritaire sédentarise les populations au lieu qu’elles circulent, dans de bonnes conditions.(études, voyages, visites familiales, un va et vient utile)

Alors que le libre –échangisme est le dogme des pays capitalistes s’agissant des capitaux et des biens, la fermeture des frontières bat son plein.

Les ultra libéraux s’accommodent fort bien de ces politiques, car comme il y a toujours des immigrants, l’emploi de clandestins est particulièrement rentable. Accueillir de étrangers à égalité de droits  et de traitement les intéresse beaucoup moins. Le MEDEF est d’ailleurs totalement silencieux dans ces affaires.

 

Fausses évidences à déconstruire pour changer d’optique

 

Ce que les sciences sociales ont également dénoncé, ce sont de fausses évidences.

 

-Qu’il pourrait y avoir une immigration de travail (jetable bien que choisie) sans migration de peuplement. En fait cela a existé, dans les Pays du Golfe, avec confiscation des passeports et vie en caserne. Dans une démocratie c’est très difficile, mais des coups de boutoir à la démocratie, existent partout, en particulier chez nous et dans ce domaine.

 

- Lutter contre l’immigration clandestine favorise l’intégration des immigrés dits réguliers (cependant précaires depuis l’abolition de la carte de dix ans). D’une part l’état des quartiers populaires où vivent de nombreuses familles issues de l’immigration ne s’améliore pas, mais les discriminations perdurent de même qu’un climat de suspicion que facilitent les contrôles au faciès. Le sentiment d’injustice est grand dans toute une partie de la jeunesse qui ne se sent pas acceptée comme pleinement française.(sifflets de la Marseillaise ?)

Les mariages mixtes entre étrangers et Français, sont rendus très difficiles, de même que des choses aussi simples que la visite des familles ou la possibilité d’étudier. Pourtant les mariages mixtes entre personnes d’origine « ethnique », culturelle diverses sont plus nombreux que dans les pays anglo-saxons fondés sur le communautarisme, ce qui  reste un des meilleurs indicateurs de l’ouverture de la  population française.

 

-Les immigrants sont tous aux mains des mafias. Si cette assertion semble vraie pour le trafic des femmes en vue de prostitution, l’essentiel est ailleurs. Les nouveaux migrants se définissent eux même comme des aventuriers, qui n’ont pas d’autre choix pour vivre et pas seulement sur le plan matériel, vivre veut dire aussi s’émanciper de situations familiales, ou religieuses,  apprendre un métier, participer du mouvement du monde.

 Les travaux récents montrent que les migrants s’entraident et s’exploitent en même temps les uns les autres dans leur longue galère.

 

-Le développement arrête les mobilités. Il n’en est rien. Les malheureux qui survivent dans les forêts près de Calais ont autant de diplômes que notre jeunesse, mais qui veut vivre aujourd’hui en Afghanistan ou en Irak, alors que ces pays ne peuvent plus permettre de demander l’asile depuis qu’ils sont devenus des « démocraties » ?

 

- Il y aurait d’un côté des demandeurs d’asile pour des raisons de persécutions politiques étatiques et de l’autre des migrants « économiques » qui veulent du travail. Non, toutes ces catégories sont aujourd’hui poreuses. Je prends l’exemple des colombiens, fuient-ils l’insécurité économique, l’insécurité liée à la criminalité (narco trafic), à la répression politique, à l’insécurité climatique ? Tout à la fois certainement.

Et les migrations de femmes liées au bassin d’emploi non délocalisable des services à la personne ? Elles cherchent souvent en même temps, les moyens de subvenir aux besoins de leur famille mais aussi d’accéder à un autre statut.

« Parallèlement à cette augmentation et cette globalisation, les facteurs à l’origine de l’émigration ont évolué et, avec eux, les profils des migrants. Les facteurs de répulsion (fuite de la pauvreté, pression démographique) semblent désormais peser d’un moindre poids que les facteurs d’attraction (accès au marché du travail et à un certain niveau de vie). On observe d’ailleurs une évolution des caractéristiques des populations migrantes, de plus en plus urbanisées, scolarisées et féminisées.

Cette évolution s’appuie sur l’émergence du sentiment d’un «droit à la migration », ou au moins d’un droit de sortie alors même que les pays d’accueil durcissent les conditions d’entrée opposées aux candidats à l’immigration » C De Wenden

 

La crise va réactiver le mécanisme du bouc émissaire

 

 « ils nous prennent notre travail » y compris à l’égard de jeune devenus français en vertu d’une conception finalement « ethnique » de la nation que ce ministère ne fait qu’accréditer dans son titre même. C’est pourquoi il faut être vigilant.

Dans le Monde d’il y a quelques jours on pouvait lire à propos de la Grande Bretagne

« Les grèves sauvages contre l'emploi de main-d'oeuvre étrangère qui se sont répandues, vendredi 30 janvier, sur plus d'une douzaine de sites énergétiques britanniques se sont encore étendues lundi 2 février. Près de 3 000 personnes, souvent employées par des sous-traitants des usines concernées, ont cessé le travail pour protester contre le recours à des travailleurs étrangers en ces temps de récession.

Tout est parti de la raffinerie de Total à Lindsey (Lincolnshire), mercredi, alors que le groupe français venait d'annoncer qu'une société italienne serait chargée d'un projet d'extension du site de 200 millions de livres. Une centaine d'ouvriers italiens et portugais, logés dans des péniches à Grimsby, sont déjà sur place. Quelque 300 autres doivent les rejoindre d'ici à un mois.

 

Conclusion provisoire

 

Personnellement, je me refuse, en tant que citoyenne  à entrer dans les logiques utilitaristes. Utile pour qui ? Utilité définie par qui ? Les employeurs ? Les autres salariés ? Les retraités futurs ? Les pays d’origine ? Les migrants eux-mêmes ?

Cette logique nous enferme et nous met sur le même terrain que les politiques de droite. Elle crée une fausse unité d’intérêts entre classes sociales d’un même pays au détriment des solidarités de classe elles-mêmes, dans le pays et à l’échelle internationale. 

Il faut changer d’optique, de regard car les migrations ne vont pas cesser.

Nous avons des ressources dans nos propres références :

-la solidarité internationale, entre travailleurs et entre peuples considérés comme égaux (et pas forcément entre gouvernements).

-Les fondements de la Révolution française, pour une mise en oeuvre effective des droits et devoirs égaux  des citoyens ( terme large qui ne se réduit pas à Français, comme le disaient les révolutionnaires face aux nobles « émigrés » qui combattaient la nation depuis l’étranger)

-La lutte pour la paix, qui en réduisant les conflits, sécurise les peuples

-La lutte anticolonialiste qui impose aujourd’hui de traiter les nations indépendantes sur un pied d’égalité.

-La lutte antiraciste qui  affirme l’universalité de l’humanité et exige la dignité.

-La lutte pour un nouvel ordre mondial, qui ne verra pas se tarir les migrations, mais les verra enfin sous un autre jour d’échange et de coopération.

-Enfin, le goût de la liberté (qui aimerait connaître une entrave à sa mobilité ?) de l’égalité et de la fraternité qui trônent sur les édifices de la République.

On pourrait ainsi imaginer des « politiques égalitaire d’échanges de populations » fondées sur une autre conception des échanges et impliquant tous les acteurs y compris les immigrés eux-mêmes."



[1] Catherine de Wenden (CERI, Paris): Ethique et relations internationales - Migrations, frontières et européanisation. In: TRANS. Internet-Zeitschrift für Kulturwissenschaften. No. 16/2005.

 

[2] Emmanuel Todd, Après la démocratie Gallimard 2008

[3] Etienne Balibar Très loin, tout près Bayard 2007

[4] Cf débats du Parlement Européen résolution 1840.  Situation de la démocratie en Europe, Mesures visant à améliorer la participation démocratique des migrants.

 


 

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27 janvier 2009 2 27 /01 /janvier /2009 22:36

Patrick Le Hyaric, directeur de rédaction à l'Huma, revient de Gaza et nous livre son témoignage :

"Nous revenons de Gaza. Avec quelques amis, responsables associatifs, élus, dont le président du groupe de la Gauche unitaire européenne, Francis Wurtz. À l’opposé d’un récit dont on a fait grand bruit la semaine dernière, nous ne sommes pas entrés à Gaza dans un char israélien.

Nous sommes entrés, à pied, par la porte de Rafah, à la frontière avec l’Égypte après une dizaine heures d’attente. Nous avons choisi délibérément de visiter les habitants, d’écouter leurs témoignages dans les quartiers et les camps de réfugiés. Ce que nous avons vu et entendu dépasse tout ce que nous pouvions imaginer.

C’est effroyable ! Loin de frappes dites chirurgicales dont on nous parle parfois, nous avons découvert sur des kilomètres et des kilomètres de véritables paysages de désolation, des familles meurtries, décimées. Maisons, usines, bâtiments officiels, entrepôts de médicaments, garages de voitures d’occasion semblent avoir été laminés par un tremblement de terre.

Ailleurs, ce sont des fermes et des poulaillers détruits, dégageant une odeur pestilentielle de mort et de décomposition ; vergers d’oliviers ou de palmiers, serres, champs d’orge écrasés sous les chenilles des bulldozers et des chars israéliens. Dans un autre village, c’est la station d’épuration d’eau que les chars israéliens ont pulvérisée. Où est la lutte contre le Hamas et le terrorisme dans ces actes ? Nulle part ! La volonté est d’affamer, de priver d’eau et de soins une population déjà en dessous du seuil de pauvreté pour terminer l’horrifiant travail des bombardiers et des chars. On attise les haines et la misère, véritables terreaux du terrorisme.

Les témoignages que nous avons recueillis montrent que les bombardements n’avaient pas pour objectif de détruire le Hamas ni de capturer ses dirigeants. À Jabalaya, un homme croisé dans la rue tente de nous raconter comment le déluge de feu descendu du ciel l’a surpris avec sa famille sans qu’il n’y ait eu d’alerte préventive. Il a tout perdu, maison et famille. Il sort de l’hôpital. Après son récit, il nous pose cette question : « Pourquoi un Palestinien n’est pas en sécurité dans sa propre maison ? » Mais il y a pire encore. Des pères de famille nous ont raconté comment des soldats israéliens ont tué devant eux leurs enfants. Des petites filles qui n’avaient pas dix ans ont été froidement abattues. Quand des voisins ont tenté de porter secours, ils ont eux aussi été passés par les armes. Nous posons la question avec gravité et solennité : comment qualifier tout cela ? Depuis quelques jours, d’autres journaux que le nôtre racontent de telles tueries. Quels sont les véritables buts du gouvernement israélien ? Il savait qu’en toutes circonstances les bombardements tueraient des femmes, des enfants innocents. Là, nous sommes encore audelà de cela. Nous ne sommes vraiment pas dans la situation où des militaires combattent d’autres militaires.

Il s’agit de l’une des armées les plus puissantes du monde qui massacre avec froideur, en toute impunité, des civils, souvent membres d’une même famille. Israël bafoue le droit en utilisant des bombes interdites par les lois internationales.

Cela ne peut se qualifier autrement que par l’expression « crime de guerre ». Ce que nous venons de voir nous conduit à réclamer avec force la mise en place d’une commission internationale d’enquête des Nations unies sur ce qui s’est réellement passé à Gaza. Nous sommes aussi bouleversés par ces dizaines de femmes qui viennent de passer une nouvelle nuit les unes contre les autres avec leurs enfants sur de simples tapis de sol. « On veut une maison pour vivre », disent-elles justement ! Pour que leur maison soit reconstruite, il faut la levée du blocus. Cela devient un enjeu vital. Au lieu d’expédier une frégate supplétive de l’armée israélienne, la France doit agir dans ce sens. Une aide internationale répondant aux urgences médicales et sanitaires doit être organisée et une aide à la reconstruction décidée.

L’Union européenne doit user de tous les moyens dont elle dispose. La mise en sommeil des accords d’association Europe-Israël est l’un des moyens de pression.

Avec l’Europe et d’autres pays, la nouvelle administration américaine doit en faire l’un des grands objectifs internationaux immédiats. De la résolution de ce conflit dépendent en grande partie le paysage du monde à venir et la paix mondiale. Pour faciliter cette négociation, une force de protection internationale doit assurer la sécurité aux frontières.

Aujourd’hui, l’enjeu n’est pas seulement le prolongement d’une trêve aléatoire. Il s’agit d’ouvrir la possibilité au peuple palestinien de disposer d’une terre, d’un État dans les frontières reconnues en 1967. Cela suppose qu’on cesse de tergiverser pour gagner du temps, de diviser les Palestiniens, de les coloniser, de les barricader, de les humilier, de les massacrer. Et pas de faux-semblants ni de fausses solutions qui conduiraient encore à réduire l’espace pour un tel État.

La question est simple : il faut appliquer le droit international. Cette fois c’en est trop ! L’impunité vis-à-vis de la direction israélienne doit cesser immédiatement. Une commission d’enquête internationale doit dire la vérité au monde. Le gouvernement et l’armée israélienne doivent répondre de leurs crimes et être contraints de venir à la table de vraies négociations, pour la sécurité dans la région et deux États vivant côte à côte dans la paix.

C’est un devoir. C’est l’espoir. Celui que nous avons lu dans les yeux et les beaux sourires de tous ces enfants de Gaza."

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15 janvier 2009 4 15 /01 /janvier /2009 08:01
Le seuil des 1000 morts palestiniens, presque 5000 blessés, est atteint, et sera surement depassé dans quelques heures ...

Voilà maintenant 20 jours que l'armée israelienne pilonne la bande de Gaza, la privant d'electricité et de vivres par la même occasion.
Les soldats et les chars israeliens continuent leurs percés dans le territoire palestinien.
Malgrès toutes les manifestations hostiles à cette opération dans le monde, les positions de Tsahal restent inchangées.
L'espoir viendrait d'un plan de cessez-le-feu proposé par l'Egypte. 
Aujourd'hui, le Venezuela a coupé ses relations diplomatiques avec Israel en soutien au peuple palestinien, comme l'a fait la Bolivie il y a quelques jours.

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